Les archéologues ont mis au jour une quinzaine de tombes, principalement dans le plus grand sondage de douze mètres carrés. Cette fenêtre ouverte dans le sable a révélé une zone d’inhumation fortement utilisée, certains ossements ayant été déplacés pour faire place à de nouveaux défunts. Les données anthropologiques complétées par les recherches des historiens confirment aujourd’hui la présence de sépultures d’esclaves dans cette partie du cimetière.
La découverte de mutilations dentaires sur le squelette d’une jeune femme, dont les dents sont taillées en forme de pointe, indique notamment pour cet individu une origine africaine et donc vraisemblablement dans ce contexte une condition servile. Cette découverte remarquable place le cimetière de La Réunion parmi les rares sites fouillés dans le monde où cette pratique culturelle a été retrouvée, avec les îles de Guadeloupe, de la Barbade et de Manhattan (New-York, États-Unis).
Les fouilles archéologiques ont non seulement fait progresser la connaissance de l’histoire de La Réunion mais également restitué un lieu de mémoire à Saint-Paul. L’ensemble du site funéraire, formé par le cimetière marin actuel dans ses murs mais également par le cimetière découvert hors les murs, a été protégé au titre des monuments historiques lors de la commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS) du 25 novembre 2011.
Le rapport de l’opération qui vient d’être remis aux services de l’État sera examiné pour validation scientifique par la commission inter-régionale de la recherche archéologique (CIRA) de l’outre-mer. Ces résultats seront complétés par les analyses ADN encore en cours au laboratoire d’anthropologie moléculaire de Strasbourg. Ils pourront être suivis d’une publication spécialisée ainsi que d’une communication plus générale de documents et de conférences à destination du grand public.
Ce rapport est disponible en téléchargement sur le site de la Dac-oI : www.la-reunion.culture.gouv.fr